Article du numéro spécial : L'éradication des rats tropicaux. Rôles trophiques des rats noirs et impacts sur les oiseaux marins dans les îles tropicales : Libération de mésoprédateurs ou hyperprédation ? Biological Conservation. Volume 185, mai 2015

Résumé

Les rats contribuent au déclin des populations d'oiseaux marins tropicaux en affectant leur succès de reproduction par la prédation directe des œufs et des poussins. Lorsqu'ils coexistent avec d'autres prédateurs, les rats invasifs peuvent également générer des interactions indirectes via les changements qu'ils imposent à la structure des communautés et aux interactions trophiques suite à l'invasion (processus d'hyperprédation), ou lorsque les prédateurs apex sont éradiqués de l'écosystème (effet de libération des mésoprédateurs). La compréhension de ces effets est nécessaire pour mettre en œuvre des opérations de restauration qui bénéficient réellement aux populations d'oiseaux marins menacées. Nous avons étudié ces processus sur deux îles tropicales françaises de l'océan Indien occidental, Europa et Juan de Nova, où les rats noirs coexistent avec deux espèces différentes de prédateurs supérieurs (des chats introduits et des chouettes effraies potentiellement indigènes). L'utilisation parallèle de plusieurs méthodes (analyse du régime alimentaire, isotopes stables, suivi des oiseaux marins) pour identifier les rôles trophiques des rats a révélé que l'impact direct des rats sur les oiseaux marins était particulièrement élevé sur Europa, où seuls les rats et les chouettes sont présents, avec une forte consommation de poussins entraînant un faible succès de reproduction pour plusieurs espèces d'oiseaux marins. Nous avons également suggéré que l'hyperprédation associée à la régulation descendante des chats se produit sur Juan de Nova, bien que la territorialité des chats puisse amortir ce processus. Inversement, nous avons trouvé des preuves que l'effet de libération des mésoprédateurs est peu probable, quelle que soit l'identité du prédateur supérieur. Compte tenu des effets les plus probables sur les deux îles, nous avons formulé des recommandations sur les priorités d'éradication afin d'atténuer le risque d'extinction locale auquel les oiseaux de mer sont actuellement confrontés.