Recherche ciblée pour améliorer la gestion des espèces envahissantes : la fourmi folle jaune à Samoa

Abstract

Le manque de connaissances biologiques sur les espèces envahissantes est reconnu comme un facteur majeur contribuant à l'échec de l'éradication. La gestion doit s'appuyer sur une compréhension spécifique du système d'invasion. Nous décrivons ici une recherche ciblée conçue pour informer sur l'éradication potentielle de la fourmi folle jaune Anoplolepis gracilipes sur l'île de Nu'utele, Samoa. Tout d'abord, nous avons évalué l'impact de la fourmi sur la biodiversité des invertébrés en comparant les communautés d'invertébrés entre les sites infestés et les sites non infestés. Ensuite, nous avons cherché à savoir s'il existait une association entre A. gracilipes et les sources d'hydrates de carbone. Dans la zone infestée, il y avait peu d'autres fourmis plus grandes qu'A. gracilipes, ainsi que moins d'araignées et de crabes, ce qui indique qu'A. gracilipes est effectivement un problème de conservation important. La période de reproduction des mâles semble correspondre à celle observée ailleurs dans le monde, mais la reproduction des reines s'est déroulée en dehors de la période de reproduction connue pour cette espèce dans la région, ce qui indique que le calendrier des régimes de traitement utilisés ailleurs n'est pas approprié pour Samoa. L'abondance des ouvrières et la densité des nids étaient parmi les plus élevées enregistrées dans le monde, étant plus importantes en mai qu'en octobre. Ces données sur l'abondance et la densité des nids servent de référence pour quantifier l'efficacité du traitement et fixer les densités d'échantillonnage pour les évaluations post-traitement. Le nombre de plantes et d'insectes capables de fournir des hydrates de carbone aux fourmis était plus élevé là où A. gracilipes était présent, mais il n'est pas certain que cette association soit causale. Quoi qu'il en soit, le contrôle indirect de l'abondance des fourmis par le contrôle de l'approvisionnement en hydrates de carbone semble être une voie de recherche prometteuse. Le type de recherche ciblée et spécifique à un site, comme celle décrite ici, devrait faire partie intégrante de tout programme d'éradication d'espèces envahissantes afin de concevoir des protocoles de traitement basés sur la connaissance et de déterminer des critères d'évaluation pour parvenir à l'éradication.