Améliorer le succès de la reproduction d'un oiseau marin colonial : une comparaison coût-bénéfice de l'éradication et du contrôle de son rat prédateur

Abstract

Le succès de la reproduction de 5 sous-colonies de puffins Corys Calonectris diomedea de l'île Lavezzu (Archipel des Lavezzi, Corse) a été contrôlé annuellement pendant 25 années consécutives de 1979 à 2004. Entre 1989 et 1994, 4 contrôles de rats Rattus rattus ont été effectués dans plusieurs sous-colonies. En novembre 2000, les rats ont été éradiqués de l'île Lavezzu et de ses 16 îlots périphériques (85 ha) à l'aide de pièges puis d'appâts toxiques. Nous comparons le coût (nombre d'heures-personnes requises sur le terrain) et le bénéfice (succès de reproduction du puffin de Corys) du contrôle et de l'éradication. Le succès de reproduction moyen a doublé lorsque les rats ont été contrôlés ou éradiqués (0,82) par rapport à la situation sans gestion des rats (0,45). En outre, le succès de reproduction moyen après éradication (0,86) était significativement (11%) plus élevé qu'après contrôle des rats (0,75). En outre, la grande variation du succès de la reproduction enregistrée parmi les sous-colonies avec et sans contrôle des rats a diminué de façon spectaculaire après l'éradication, ce qui suggère que les rats ont eu un impact majeur sur le succès de la reproduction. L'effort estimé nécessaire pour effectuer l'éradication et le contrôle du système de stations d'appât permanentes au cours de l'année suivant l'éradication a été de 1 360 heures-personnes. En revanche, la lutte contre les rats a été estimée à 240 ou 1440 heures-personnes par an lorsqu'elle est effectuée par du personnel formé ou non formé, respectivement. En l'espace de 6 ans, le coût de l'éradication est inférieur au coût du contrôle effectué par du personnel non formé et confère plusieurs avantages écologiques à un plus grand nombre de composants de l'écosystème que le seul puffin de Corys. L'amélioration des outils d'éradication, tels que l'épandage manuel ou aérien d'appâts toxiques au lieu de la stratégie d'éradication à forte intensité de main-d'œuvre que nous avons utilisée, augmenterait considérablement l'avantage économique de l'éradication par rapport à la lutte. Par conséquent, lorsque cela est possible, nous recommandons l'éradication plutôt que le contrôle des populations de rats non indigènes. Néanmoins, le contrôle reste un outil de gestion utile lorsque l'éradication n'est pas possible.