Succès et échecs de la dératisation dans les îles tropicales : examen comparatif de huit projets récents

Abstract

L'éradication des rats est un outil très efficace pour la conservation de la biodiversité, mais elle nécessite un effort de planification considérable, un haut niveau de précision lors de la mise en œuvre et n'offre aucune garantie de succès. Dans l'ensemble, les taux de réussite sont généralement élevés, mais ils sont plus faibles dans les îles tropicales, où la majeure partie de la biodiversité est menacée. Nous avons réalisé une étude qualitative comparative de quatre projets d'éradication de rats tropicaux réussis et de quatre projets échoués afin de mieux comprendre les facteurs influençant le succès des éradications de rats tropicaux et de mettre en lumière la manière dont le risque d'échecs futurs peut être minimisé. Les observations de rats juvéniles survivant plus de quatre semaines après l'application d'appâts sur deux îles confirment le risque théorique précédemment considéré selon lequel les rats non sevrés peuvent rester isolés de l'exposition aux appâts pour rongeurs pendant un certain temps. L'apparition de rats juvéniles après que l'appât n'était plus facilement disponible peut avoir été la cause de certains ou de tous les échecs du projet. La disponibilité élevée de ressources naturelles (principalement des plantes fructifères ou des semences) générée par les précipitations avant la mise en œuvre du projet (documentée pour trois des projets infructueux) peut également avoir contribué à l'échec du projet en réduisant la probabilité que tous les rats consomment suffisamment d'appâts pour rongeurs ou en aggravant d'autres facteurs tels que la reproduction des rongeurs. Notre analyse montre qu'il est possible d'éradiquer les rats dans les îles tropicales, mais suggère que des événements qui ne peuvent être prévus avec certitude dans certaines régions tropicales peuvent agir individuellement ou de concert pour réduire les chances de réussite du projet. Nous recommandons des recherches pour déterminer l'importance relative de ces facteurs dans le destin des futurs projets tropicaux et suggérons que les pratiques existantes soient réévaluées pour l'éradication des rongeurs dans les îles tropicales.