Le bulbul ventilé (Pycnonotus cafer) : dynamique d'invasion et impacts écologiques d'un oiseau nuisible introduit en Nouvelle-Calédonie et implications pour la gestion

Abstract

Suite à la soutenance de thèse effectuée en juillet 2018 à lUniversité de Massey, le manuscrit de Martin Thibault, intitulé " Le bulbul à ventre rouge (Pycnonotus cafer) : dynamique dinvasion et impacts écologiques dun oiseau introduit en Nouvelle Calédonie. Les espèces exotiques envahissantes sont une cause majeure de perte de biodiversité au niveau mondial, en particulier sur les îles où la richesse des espèces et les niveaux d'endémisme accentuent leurs impacts. Diverses institutions internationales ont dressé des listes des espèces envahissantes les plus nuisibles afin d'aider les gestionnaires de l'environnement, tant au niveau mondial que local, à hiérarchiser leurs efforts. Le bulbul à vent rouge (Pycnonotus cafer) est une espèce de passereau considérée comme l'une des trois pires espèces d'oiseaux envahissantes de la planète. Cette espèce se répand actuellement dans l'archipel tropical de Nouvelle-Calédonie, l'un des 36 points chauds de la biodiversité mondiale. Cette thèse présente les résultats d'une étude doctorale menée en Nouvelle-Calédonie avec deux objectifs : 1) décrire cette population introduite, et 2) évaluer les menaces liées à sa dispersion en utilisant à la fois les connaissances existantes et de nouvelles données in-situ et ex-situ ainsi qu'une variété de techniques d'analyse. A partir de la littérature, j'ai identifié trois impacts clés expliquant le statut de l'espèce : i) les dommages aux cultures agricoles, ii) la dispersion de graines nocives, et iii) la compétition avec d'autres espèces d'avifaune. J'ai estimé la taille de la population locale (environ 140 000 individus), son utilisation de l'habitat (zones habitées), sa densité le long d'un gradient d'urbanisation (30-120 ind/km2), et j'ai produit des listes d'espèces végétales et animales consommées et identifié une préférence de couleur dans la stratégie de recherche de nourriture du bulbul à ventre rouge. L'exploration de chaque catégorie d'impact a révélé i) des pertes substantielles sur la production de fruits (18% de la production de tomates), ii) un impact sur l'abondance de neuf espèces d'oiseaux indigènes qui pourraient être à l'origine d'un réassemblage spatial de la communauté, et iii) une dispersion sur une courte distance (77-92 m) qui pourrait favoriser la dispersion d'espèces végétales introduites au détriment d'espèces endémiques. Enfin, grâce à la modélisation, j'ai estimé la niche climatique de l'espèce à l'échelle mondiale et identifié que la plupart des territoires insulaires sont propices à l'établissement de cette espèce d'oiseau envahissante. Que le bulbul à vent rouge mérite ou non son statut d'espèce la plus nuisible au monde, des évaluations quantitatives de l'impact dans son aire de répartition exotique, telles que les études présentées ici, sont nécessaires pour prévenir la dispersion et les effets néfastes de cette espèce sur les activités humaines et les écosystèmes sensibles. Les implications pour la gestion sont discutées.