Coûts économiques mondiaux des espèces exotiques envahissantes aquatiques

Résumé

De nombreux efforts de recherche ont été consacrés à la compréhension des impacts écologiques des espèces exotiques envahissantes (EEE) dans les écosystèmes et les groupes taxonomiques, mais les études empiriques sur les effets économiques manquent de synthèse. En utilisant une base de données mondiale complète, nous déterminons les modèles et les tendances des coûts économiques des EEE aquatiques en examinant : (i) la distribution de ces coûts entre les taxons, les régions géographiques et les types de coûts ; (ii) la dynamique temporelle des coûts mondiaux ; et (iii) les lacunes dans les connaissances, en particulier par rapport aux EEE terrestres. Sur la base des coûts enregistrés dans la littérature existante, le coût global des EEE aquatiques s'élève de manière prudente à 345 milliards de dollars, la majorité étant attribuée aux invertébrés (62 %), suivis par les vertébrés (28 %), puis les plantes (6 %). Les coûts les plus importants ont été signalés en Amérique du Nord (48 %) et en Asie (13 %) et résultaient principalement des dommages causés aux ressources (74 %) ; seuls 6 % des coûts enregistrés étaient liés à la gestion. L'ampleur et le nombre des coûts signalés étaient les plus élevés aux États-Unis d'Amérique et pour les taxons semi-aquatiques. Dans de nombreux pays et pour les espèces aquatiques exotiques connues, aucun coût n'a été signalé, en particulier en Afrique et en Asie. En conséquence, une analyse de réseau a révélé une connectivité limitée entre les pays, ce qui indique des rapports de coûts disparates. Au cours des dernières décennies, les coûts des EEE aquatiques ont augmenté de plusieurs ordres de grandeur, atteignant au moins 23 milliards de dollars américains en 2020. Les coûts sont probablement considérablement sous-représentés par rapport aux EEE terrestres ; seuls 5 % des coûts déclarés sont liés aux espèces aquatiques, bien que 26 % des envahisseurs connus soient aquatiques. En outre, seulement 1 % des coûts des invasions aquatiques sont imputables à des espèces marines. Les coûts des EEE aquatiques sont donc considérables, mais probablement sous-estimés. Les coûts ont augmenté au fil du temps et devraient continuer à augmenter avec les invasions futures. Nous recommandons vivement aux gestionnaires, aux praticiens et aux chercheurs d'augmenter et d'améliorer les rapports sur les coûts afin de réduire les lacunes en matière de connaissances. Peu de coûts sont des investissements proactifs ; il est urgent d'augmenter les dépenses de gestion pour prévenir et limiter les dommages actuels et futurs causés par les EEE aquatiques.