Éradication des rats et des lagomorphes sur deux grandes îles de la Méditerranée centrale : différences dans la morphologie de l'île et conséquences sur les méthodes, les problèmes et les objectifs

Résumé

Les îles de Montecristo et de Pianosa, bien qu'ayant une superficie à peu près égale (environ 1 000 ha), diffèrent grandement en termes de substrat, de présence humaine, de végétation et d'altitude (650 m contre 30 m d'altitude, respectivement). La première île abrite l'une des plus grandes populations de puffins yelkouan (Pu?nus yelkouan) d'Italie, tandis que la seconde est un vestige décimé de puffins de Scopolis (Calonectris diomedea), autrefois très nombreux. Deux projets LIFE consécutifs financés par l'UE ont été conçus pour protéger ces populations d'oiseaux marins. À Montecristo, une zone accidentée et inaccessible, la livraison aérienne d'appâts toxiques en janvier-février 2012 a permis d'éradiquer les rats noirs (Rattus rattus) et les lapins sauvages (Oryctolagus cuniculus) (à l'origine une espèce non ciblée), sans conséquences permanentes sur une ancienne population locale de chèvres sauvages (Capra hircus). L'éradication sur Pianosa, actuellement en cours (débutée en janvier 2017), est réalisée par appâtage au sol, délivré par 4 750 diffuseurs placés sur une grille de 50 m × 50 m sur l'ensemble de l'île. Cette dernière opération est incluse dans une éradication multi-espèces visant plusieurs autres espèces cibles, dont le lièvre brun (Lepus europaeus), apparemment introduit vers 1840. Des analyses génétiques sur les premiers lièvres piégés ont montré qu'il s'agissait de la dernière population non contaminée et viable de L. europaeus subsp. meridiei existante. Qu'elle soit d'origine naturelle ou introduite, le début de l'éradication de cette population a permis de faire connaître un taxon qui n'aurait pas pu être conservé ailleurs. Bien que les deux projets abordent les mêmes questions de conservation (protection des colonies de puffins et restauration des communautés naturelles), ils diffèrent grandement en ce qui concerne le coût économique, la perception du public, l'effort nécessaire pour maintenir les résultats à long terme et les effets sur les espèces non ciblées. Dans le présent document, une attention particulière a été accordée à la comparaison entre les techniques de distribution d'appâts, aux résultats obtenus, à l'ensemble des problèmes découlant du cadre réglementaire complexe et aux réactions du grand public.